Réfugiés, déplacés et migrants : à l'ombre d'une pandémie

Les gens observent des mesures de distanciation physique en attendant une consultation à la clinique mobile de MSF, dans un camp de déplacés dans le nordouest de la Syrie, mars 2020. © Jacob Burns/MSF
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La pandémie de COVID-19 a un impact disproportionné sur les plus vulnérables du monde. Parmi eux, on compte les plus de 70 millions de personnes en déplacement forcé : les réfugiés, les demandeurs d’asile, les déplacés à l’intérieur de leur propre pays, ainsi que les travailleurs migrants, y compris les sans-papiers.

Beaucoup de ces hommes, femmes et enfants vivent dans des camps formels et informels, des centres d’accueil ou des centres de détention. D’autres vivent dans la rue ou dans des abris de fortune. La plupart n’ont pas accès aux services de base tels que l’eau potable, les installations sanitaires ou les soins de santé, et beaucoup n’ont pas de statut juridique.

LA PANDÉMIE DE COVID-19 EXACERBE ET EST EXACERBÉE PAR DE MAUVAISES CONDITIONS DE VIE

Dans de tels contextes, les mesures préventives sont souvent impossibles à mettre en place. Comment demander aux gens de se protéger lorsqu’ils n’ont pas facilement accès à de l’eau et à du savon? Ou de s’isoler quand ils vivent entassés dans des petites tentes avec 10 autres personnes?

La distanciation physique est très difficile, voire impossible, dans les camps surpeuplés et les milieux urbains denses. Devoir faire la file pour obtenir de l’eau et de la nourriture augmente les risques de contamination.

Dans de nombreux contextes, les personnes déplacées vivent dans l’insécurité, risquent d’être arrêtées ou de subir des abus, et peuvent être stigmatisées en tant que « porteuses de maladies » dans un contexte de xénophobie accrue et d’accès limité à des informations fiables. Les personnes dans ces circonstances dépendent parfois entièrement de l’aide humanitaire. Et dans bien des régions, cette aide est limitée.

De plus, dans de nombreux endroits, la pandémie est utilisée comme prétexte pour punir la population en déplacement et les gens qui tentent de les aider. Au moins 167 États ont entièrement ou partiellement fermé leurs frontières pour contenir la propagation de la COVID-19; parmi eux, 57 ne font pas d’exception pour les demandeurs d’asile (source : HCR).

QUE POUVONS-NOUS FAIRE POUR PROTÉGER CES POPULATIONS PARTICULIÈREMENT VULNÉRABLES?

Nous devons nous assurer que les gouvernements ne se servent pas de la COVID-19 pour justifier l’application de leurs politiques meurtrières de contrôle de la migration.

Nous reconnaissons les graves défis posés par la COVID-19, mais protéger le bienêtre des habitants de votre propre pays et respecter vos obligations internationales à l’endroit des réfugiés, demandeurs d’asile et migrants ne sont pas des principes mutuellement exclusifs.

Nous devons veiller au respect des droits de l’homme. Les gouvernements ne doivent pas utiliser les mesures d’urgence de santé publique pour la COVID-19 afin de cibler les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants. Toutes les restrictions des droits doivent être strictement nécessaires, fondées sur des preuves scientifiques et non appliquées de manière arbitraire ou discriminatoire.

Les mesures de quarantaine et de confinement devraient être appliquées équitablement à tous sans discrimination; les soins de santé, le soutien social et psychosocial et les besoins de base comme la nourriture, l’eau et d’autres produits essentiels devraient être fournis aux personnes en quarantaine; et la quarantaine de masse devrait être évitée autant que possible. Forcer les gens à vivre dans des camps surpeuplés et insalubres a toujours été irresponsable, mais l’est maintenant plus que jamais en raison de la menace de la COVID-19.

Dans la mesure du possible, les demandeurs d’asile et les migrants devraient être évacués. En Grèce, dans les points chauds, MSF demande l’évacuation des personnes les plus vulnérables (les personnes de plus de 60 ans et celles souffrant de troubles respiratoires, de diabète ou d’autres complications de santé), ainsi que des efforts continus pour décongestionner les camps, notamment en relocalisant les mineurs non accompagnés et les enfants malades vers d’autres États membres de l’UE. En Libye, MSF appelle la communauté internationale et les gouvernements européens à mettre en place des couloirs d’évacuation humanitaire directs pour les réfugiés, les migrants et les demandeurs d’asile les plus vulnérables exposés aux risques mortels les plus imminents.

Les mesures de contrôle de la COVID-19 ne doivent pas nuire à l’accès aux soins de santé urgemment nécessaires. Cela signifie que la fermeture des frontières ne doit pas empêcher l’entrée de fournitures médicales et humanitaires d’urgence ni de travailleurs de la santé dans les pays.

Bangladesh : Camps denses et surpeuplés

Près d’un million de réfugiés rohingyas vivent dans des conditions de surpopulation dans les camps de Cox’s Bazar, au Bangladesh. © Vincenzo Livieri

Le Bangladesh, l’un des pays les plus densément peuplés du globe, abrite le plus grand camp de réfugiés au monde, à Cox’s Bazar. Ici, près d’un million de réfugiés rohingyas vivent dans des conditions de surpeuplement et d’insalubrité.

MSF a mis en place des services d’isolement dans ses installations médicales de Cox’s Bazar, où nos équipes traitent les patients ayant reçu un diagnostic positif de COVID-19 et surveillent les autres personnes en isolement que l’on soupçonne atteintes de COVID-19. Le personnel travaille d’arrache-pied pour traiter tous les patients et s’assurer que nous pouvons fournir les meilleurs soins possible en cas de COVID-19 et d’autres conditions médicales, tout en continuant à collaborer avec les autorités du Bangladesh, l’Organisation mondiale de la Santé et d’autres agences sanitaires pour limiter la propagation du virus. Nos équipes mènent également des activités de promotion de la santé dans les camps. Les activités régulières dans le camp de réfugiés rohingya de Cox’s Bazar se poursuivent.

Libye : Une crise au beau milieu d’une autre

Nos activités en Libye ont été perturbées par les restrictions et limitations imposées en raison de la COVID-19 et de l’escalade du conflit en cours. Dans le même temps, ces facteurs expliquent l’augmentation des besoins humanitaires dans le pays. MSF s’est engagée à soutenir les personnes les plus démunies en Libye et a intensifié ses efforts pour soutenir le système de santé national pour faire face à la pandémie.

À TRIPOLI, NOS ÉQUIPES :

  • fournissent une assistance médicale et humanitaire aux migrants et aux réfugiés en détention
  • offrent une assistance humanitaire aux migrants et aux réfugiés vivant en milieu urbain
  • dispensent des formations sur la prévention et le contrôle des infections, le traitement de la COVID-19 et la sensibilisation au nouveau coronavirus dans plusieurs hôpitaux et centres de soins de santé primaires.

À MISRATA ET DANS LA RÉGION CENTRE, NOS ÉQUIPES :

  • fournissent des soins de santé de base, du soutien psychosocial et un suivi de la protection
  • distribuent des suppléments nutritionnels et des kits d’hygiène aux réfugiés et migrants détenus arbitrairement dans les centres de détention
  • fournissent des premiers soins et distribuent des articles non alimentaires tels que des couvertures aux personnes qui tentent de partir pour l’Europe
  • fournissent des soins de santé aux migrants qui ont échappé à la captivité et aux survivants de la torture et de la traite, et les orientent vers d’autres établissements pour des soins plus poussés au besoin
  • dispensent de la formation sur la COVID-19 au personnel médical et renforcent les mesures de prévention et de contrôle des infections dans les centres de détention.