Manque de soins de santé et cycles de violence persistants

Une équipe mobile de MSF s’approche de la ville de Magui Payan dans le Nariño. Colombie, 2020. © Steve Hide / MSF
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Dans les villages reculés du département colombien de Nariño, le long des voies fluviales des basses terres du Pacifique dans le sud-ouest du pays, les personnes confrontées à des urgences médicales ont souvent peu d’options pour se faire soigner. 

On peut demander à un coseros de faire des points de suture sur des blessures causées par des machettes pour l’équivalent de 5 $ par point, et toute personne mordue par un serpent venimeux peut généralement accéder à des remèdes traditionnels à base de plantes, bien que ceux-ci sont souvent coûteux — à peu près « le même prix qu’un cercueil », selon un marchand. 

Autrement, il n’y a pas de cliniques, de personnel médical qualifié ou de services de santé disponibles pour les milliers de personnes qui vivent dans cette région uniquement accessible en canot ou à pied. Ces communautés ne sont pas seulement isolées, elles sont aussi prises en otage par la violence omniprésente. Ces dernières années, les conflits entre les différents groupes armés se disputant le contrôle du trafic de drogue et de la production de coca ont conduit à des massacres, à des déplacements et à d’autres traumatismes. 

« Les conflits armés sont chroniques, tout comme l’absence de réponse de la part des autorités », déplore Steve Hide, qui dirige actuellement le travail de Médecins Sans Frontières (MSF) en Colombie. « Le manque de personnel médical qualifié et d’établissements de santé prive les gens de soins d’urgence, de soins de santé de base et de soins psychologiques. » 

Il a récemment accompagné une équipe médicale de MSF le long de certaines des voies fluviales isolées du Nariño pour évaluer les besoins et fournir des services médicaux à la population. 

Bien que la logistique requise pour emmener les équipes dans des zones aussi inaccessibles soit considérable, c’est le cycle de violence qui complique la provision de soins de santé à cet endroit. MSF a commencé à travailler en Colombie en 1985. Avec des décennies d’expérience dans les zones de conflit, MSF est l’une des rares organisations capables et désireuses de travailler dans ces territoires, où elle s’appuie sur sa solide réputation d’indépendance et de neutralité pour négocier l’accès et gagner la confiance. 

Mais avec autant de besoins médicaux non comblés, MSF espère que d’autres prestataires de soins de santé pourront également trouver un moyen de travailler dans la région. 

Pour l’instant, les cliniques mobiles que MSF opère dans ces régions sont essentielles. Beaucoup de gens n’ont pas eu d’examen médical depuis des années, et les cliniques restent ouvertes durant quatre jours de sorte à permettre aux habitants des villages voisins de s’y rendre. L’un des objectifs de MSF pour 2021 est d’installer des équipes médicales de manière plus permanente dans ces communautés, de réduire le temps et les efforts de déplacement, et de fournir une assistance plus continue à tous ceux qui en ont besoin. 

« Notre stratégie actuelle est de continuer à retourner dans les zones de conflit isolées, qui sont les plus touchées en Colombie, car ce sont là que les besoins sont les plus grands », dit Steve Hide. 

« Jusqu’à présent, ces grands besoins sont partout. »