Message du directeur général

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Joseph Belliveau Directeur général MSF Canada
Le Dr Mohammed discute avec des personnes rescapées en mer Méditerranée. MSF continue de partager les histoires des
survivants et des survivantes et de plaider auprès des États de l’Union européenne et d’autres gouvernements pour que les personnes
qui fuient des crises aient accès à des soins de santé et soient traitées avec dignité. Mer Méditerranée, 2022.

« Car si nous ne sommes pas sûrs que la parole peut sauver, nous savons que le silence tue. » Ces mots prononcés par le président de Médecins Sans Frontières (MSF) au moment de recevoir le prix Nobel de la paix, en 1999, illustrent bien ce qui motive encore aujourd’hui MSF à parler publiquement. Ils soulignent également notre perpétuel dilemme : comment savoir si notre voix aura des retombées positives? Le jeu en vaudra-t-il la chandelle, sachant que notre plaidoyer public – ou le fait d’être témoin de certaines situations et de les dénoncer – comporte son lot de risques?

Même si elle prend publiquement la parole, MSF s’efforce de rester fidèle à ses principes d’impartialité et de neutralité. Que nous nous adressions aux autorités, au public, aux sociétés pharmaceutiques ou même à d’autres organisations humanitaires, notre intention est de lever le voile sur la nature des souffrances des gens et de leurs besoins, et parfois d’appeler à l’action. Nous ne prenons pas parti.

Il s’agit là d’une opération délicate, car témoigner des conséquences de la violence, de la répression, de politiques ou d’actions discriminatoires s’accompagne souvent de blâmes. Et quand les gouvernements et les groupes armés se sentent visés, ils deviennent moins enclins à accepter notre présence. Ils peuvent par ailleurs imposer des barrières bureaucratiques, harceler notre personnel, tolérer ou même, dans des cas extrêmes, commettre des actes de violence contre nous, ou contre les communautés avec lesquelles nous travaillons.

« Ce sont les expériences des gens qu’il faut raconter… »

Il y a aussi des considérations éthiques. Au nom de qui parlons-nous? Perpétuons-nous le modèle victime-sauveur, les stéréotypes de race ou autres? Est-ce que, dans notre façon de raconter les histoires, nous réduisons les gens à des bénéficiaires passifs de l’aide humanitaire? Lorsque nous défendons les droits de nos patients et de nos patientes, nous devons faire un effort conscient pour éviter de tels propos préjudiciables et pour maintenir les personnes que nous aidons, leurs voix et leur dignité inhérente au centre de tout ce que nous faisons.

Garder le silence serait beaucoup plus facile, mais pour nous, cela n’est pas une option, car les blessures et les maladies que nous traitons racontent une histoire. Tout comme les personnes qui se présentent dans les cliniques de MSF. L’année dernière, au Tigré, en Éthiopie, j’ai passé des heures à écouter les gens raconter la violence qu’ils avaient vécue pendant le conflit, leur peur et aussi leur espoir.

Une femme m’a dit : « J’avais des rêves, et même avec la guerre, je n’ai pas cessé de rêver. »

Ce sont les expériences des gens qu’il faut raconter, et si nous n’étions pas là pour faire résonner leurs voix, elles risqueraient de ne pas être entendues. MSF croit fermement que le fait d’exprimer ce que nous entendons et ce dont nous sommes témoins peut susciter l’attention des médias, l’ajout de ressources ou la volonté politique de changer les circonstances difficiles, les politiques et la violence auxquelles les gens sont exposés. Certes, parler publiquement peut être risqué, mais se taire pourrait être bien pire.

L’indépendance, qui est aussi un des principes fondamentaux de MSF, nous place dans une position unique pour nous permettre de nous exprimer. L’indépendance financière dont jouit MSF nous donne en effet la possibilité de parler explicitement de ce que nous voyons et nous assure de la crédibilité nécessaire pour qu’on nous écoute. Autrement dit, c’est votre soutien à MSF qui rend possible cette forme unique de plaidoyer public.

Dans le présent numéro de Dépêches, vous en apprendrez davantage sur les façons dont votre soutien permet à MSF de prendre publiquement la parole, qu’il s’agisse de dénoncer les conditions de vie déplorables des personnes piégées dans les centres de détention libyens, de mener nos activités de plaidoyer pour réduire la stigmatisation liée au noma en Afrique de l’Ouest, ou d’interpeller le gouvernement canadien pour qu’il repense le système de recherche et de développement médical actuellement centré sur les profits.

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Quel que soit le changement positif que la voix de MSF est en mesure de provoquer, il ne saurait être possible sans l’appui de notre communauté de donateurs et de donatrices. Si vous le pouvez, faites un don dès aujourd’hui.