Tchad | Climat et santé

Une grande partie de l’économie locale dépend de l’élevage de bétail comme les vaches, les chèvres et les chameaux. En raison du manque de pluie et des mauvaises récoltes, il est devenu difficile de nourrir leurs animaux. Certaines personnes doivent alors emmener leur bétail vers le sud pour trouver des pâturages ou pour vendre leurs animaux. Tchad, 2021. © Claudia Blume/MSF
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Lucie Fauteux Chargée de communication Communications

Les conséquences des changements climatiques se manifestent dans de nombreux pays où travaille Médecins Sans Frontières (MSF). Ces changements qui affectent l’environnement ont un impact direct sur la santé humaine. En de maints endroits, ils contribuent à exacerber des crises préexistantes et posent aux communautés comme aux organisations qui tentent de les soutenir des problématiques de plus en plus complexes et interreliées.

La vaste région du Sahel dont fait partie le Tchad est considérée comme une des zones les plus durement touchées par les changements climatiques. La hausse des températures, les régimes de précipitation erratiques et les phénomènes météorologiques extrêmes exacerbent la crise sanitaire chronique qui secoue le pays.

Classé 182e sur 182 selon l’Indice mondial d’adaptation Notre-Dame (ND-GAIN), le Tchad est considéré comme le 4e quatrième pays le plus vulnérable aux changements climatiques et il arrive au 2e rang des pays les moins bien préparés à s’y adapter.

UNE RÉGION FRAGILISÉE PAR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Au cours des dix dernières années, les zones saharienne et sahélienne du Tchad se sont étendues de 150 kilomètres vers le sud. Le lac Tchad a perdu, lui, près de 90 % de sa superficie au cours des 50 dernières années. Cette désertification entraîne une réduction des zones de culture et de pâturage et force les communautés à se déplacer, que ce soit pour trouver des terres, de la nourriture ou du travail.

Gamar Ahmat Attahir, superviseur de santé de MSF, utilise un bandeau de couleur pour mesurer la circonférence du bras d’un enfant afin
d’évaluer la progression de son état dans le cadre du programme de nutrition de MSF. Tchad, 2022. © Claudia Blume/MSF

« La plupart des hommes de la région sont partis à N’Djamena [la capitale], au Niger ou au Soudan pour gagner de l’argent pour leurs familles », raconte Kalfoule Allioueur, responsable du centre de santé du village de Kekekonkia.

Les régimes de pluies de plus en plus erratiques qui provoquent en alternance des périodes d’intenses sécheresses et de graves inondations exacerbent l’insécurité alimentaire des communautés.

« Il y a eu très peu de pluie cette année. C’était pire que toutes les années dont je me souviens », raconte Khadija Iba, une femme qui fréquente avec son enfant le centre d’alimentation thérapeutique mis en place par MSF à Massakory, une petite ville de la ceinture sahélienne du Tchad. « Nous n’avons pratiquement rien récolté. Nous devons acheter des légumes au marché, mais tout coûte presque deux fois plus cher maintenant. Nous n’avons pas assez à manger. »

LE DÉFI DE L’EAU

Lors d’une discussion de groupe qui s’est tenue à Massaguet Urbaine, en février 2022, des femmes racontaient comment les changements dans le régime des pluies ont engendré une véritable « crise de l’eau ».

« La crise de l’eau a commencé il y a trois ans », affirme une des participantes. « Cette année, la pluie s’est arrêtée. Elle n’a même pas duré deux mois. Dans les champs, ils n’ont même pas récolté un seul sac. »

La situation était particulièrement difficile en 2021 et au début de 2022, alors que la saison des pluies anormalement courte a entraîné des difficultés d’approvisionnement.

« À cause des inondations, c’est encore plus difficile d’atteindre rapidement un centre de santé et de consulter un médecin. »

« Nous avons deux puits dans mon village, mais ce n’est pas suffisant pour tous les gens et les animaux », explique Khadidja Mahamat, une femme du village de Tchoulmari Boltouri. « Pour avoir de l’eau potable, je dois me rendre à dos d’âne dans un autre village. J’y vais deux fois par jour. Cela me prend une heure et demie dans chaque direction. »

Les promoteurs de la santé de MSF montrent aux parents comment utiliser une bande de couleur pour déterminer si leur enfant souffre de
malnutrition et s’il doit être inscrit au programme de nutrition de MSF. Tchad, 2022. © Claudia Blume/MSF
TROP OU TROP PEU : ENTRE SÉCHERESSE ET INONDATIONS

« Nous avons peur pour l’avenir », dit Osman Abakar, un résident d’un village situé près de Massakory. « Tout ce que nous pouvons faire, c’est attendre les prochaines pluies. Si la pluie nous abandonne une autre fois, nous ne saurons plus quoi faire. »

Les années de sécheresse ont entraîné, au Tchad, une importante crise nutritionnelle, tandis que les inondations qui ont touché le pays en 2022 ont forcé le déplacement de près de 155 000 personnes et favorisé la prolifération de maladies hydriques.

« Ces dernières inondations ont exacerbé une situation humanitaire déjà catastrophique », explique Alexis Balekage, coordonnateur du projet de réponse d’urgence de MSF à N’Djamena, la capitale. « Les mares d’eau stagnante risquent de devenir des sites de reproduction pour les moustiques, ce qui augmente les risques de transmission du paludisme, l’une des principales causes de mortalité infantile au Tchad. »

ACCÉDER À DES SOINS DE SANTÉ

Déjà difficile, l’accès aux soins de santé est aussi compromis par les épisodes climatiques extrêmes.

« À cause des inondations, c’est encore plus difficile d’atteindre rapidement un centre de santé et de consulter un médecin », dit Doglessa, une femme qui a trouvé refuge au site pour personnes déplacées de Walia Hadjarai, à N’Djamena.

Au cours des dernières années, les équipes de MSF ont répondu à de nombreuses situations de crise dans plusieurs régions du Tchad. Notre intervention d’urgence pour prendre en charge la malnutrition infantile sévère pendant la période de soudure à N’Djamena a évolué. Elle se traduit maintenant par un programme destiné à mieux répondre aux besoins des familles et des enfants tout au long de l’année.

Dans l’est et le sud du Tchad, les équipes de MSF fournissent des soins médicaux et une assistance aux personnes déplacées et aux communautés qui luttent contre le manque d’accès à la nourriture.

Outre les projets réguliers à Sila, Masakory et Moissala, MSF répond aux urgences, telles que les épidémies, les catastrophes naturelles, la malnutrition, les déplacements ou les conflits. Elle comble également les lacunes du système de santé, notamment en soutenant les soins mater-nels et pédiatriques.