
survivants et des survivantes et de plaider auprĂšs des Ătats de lâUnion europĂ©enne et dâautres gouvernements pour que les personnes
qui fuient des crises aient accÚs à des soins de santé et soient traitées avec dignité. Mer Méditerranée, 2022.
« Car si nous ne sommes pas sĂ»rs que la parole peut sauver, nous savons que le silence tue. » Ces mots prononcĂ©s par le prĂ©sident de MĂ©decins Sans FrontiĂšres (MSF) au moment de recevoir le prix Nobel de la paix, en 1999, illustrent bien ce qui motive encore aujourdâhui MSF Ă parler publiquement. Ils soulignent Ă©galement notre perpĂ©tuel dilemme : comment savoir si notre voix aura des retombĂ©es positives? Le jeu en vaudra-t-il la chandelle, sachant que notre plaidoyer public â ou le fait dâĂȘtre tĂ©moin de certaines situations et de les dĂ©noncer â comporte son lot de risques?
MĂȘme si elle prend publiquement la parole, MSF sâefforce de rester fidĂšle Ă ses principes dâimpartialitĂ© et de neutralitĂ©. Que nous nous adressions aux autoritĂ©s, au public, aux sociĂ©tĂ©s pharmaceutiques ou mĂȘme Ă dâautres organisations humanitaires, notre intention est de lever le voile sur la nature des souffrances des gens et de leurs besoins, et parfois dâappeler Ă lâaction. Nous ne prenons pas parti.
Il sâagit lĂ dâune opĂ©ration dĂ©licate, car tĂ©moigner des consĂ©quences de la violence, de la rĂ©pression, de politiques ou dâactions discriminatoires sâaccompagne souvent de blĂąmes. Et quand les gouvernements et les groupes armĂ©s se sentent visĂ©s, ils deviennent moins enclins Ă accepter notre prĂ©sence. Ils peuvent par ailleurs imposer des barriĂšres bureaucratiques, harceler notre personnel, tolĂ©rer ou mĂȘme, dans des cas extrĂȘmes, commettre des actes de violence contre nous, ou contre les communautĂ©s avec lesquelles nous travaillons.
« Ce sont les expĂ©riences des gens quâil faut raconter⊠»
Il y a aussi des considĂ©rations Ă©thiques. Au nom de qui parlons-nous? PerpĂ©tuons-nous le modĂšle victime-sauveur, les stĂ©rĂ©otypes de race ou autres? Est-ce que, dans notre façon de raconter les histoires, nous rĂ©duisons les gens Ă des bĂ©nĂ©ficiaires passifs de lâaide humanitaire? Lorsque nous dĂ©fendons les droits de nos patients et de nos patientes, nous devons faire un effort conscient pour Ă©viter de tels propos prĂ©judiciables et pour maintenir les personnes que nous aidons, leurs voix et leur dignitĂ© inhĂ©rente au centre de tout ce que nous faisons.
Garder le silence serait beaucoup plus facile, mais pour nous, cela nâest pas une option, car les blessures et les maladies que nous traitons racontent une histoire. Tout comme les personnes qui se prĂ©sentent dans les cliniques de MSF. LâannĂ©e derniĂšre, au TigrĂ©, en Ăthiopie, jâai passĂ© des heures Ă Ă©couter les gens raconter la violence quâils avaient vĂ©cue pendant le conflit, leur peur et aussi leur espoir.
Une femme mâa dit : « Jâavais des rĂȘves, et mĂȘme avec la guerre, je nâai pas cessĂ© de rĂȘver. »
Ce sont les expĂ©riences des gens quâil faut raconter, et si nous nâĂ©tions pas lĂ pour faire rĂ©sonner leurs voix, elles risqueraient de ne pas ĂȘtre entendues. MSF croit fermement que le fait dâexprimer ce que nous entendons et ce dont nous sommes tĂ©moins peut susciter lâattention des mĂ©dias, lâajout de ressources ou la volontĂ© politique de changer les circonstances difficiles, les politiques et la violence auxquelles les gens sont exposĂ©s. Certes, parler publiquement peut ĂȘtre risquĂ©, mais se taire pourrait ĂȘtre bien pire.
LâindĂ©pendance, qui est aussi un des principes fondamentaux de MSF, nous place dans une position unique pour nous permettre de nous exprimer. LâindĂ©pendance financiĂšre dont jouit MSF nous donne en effet la possibilitĂ© de parler explicitement de ce que nous voyons et nous assure de la crĂ©dibilitĂ© nĂ©cessaire pour quâon nous Ă©coute. Autrement dit, câest votre soutien Ă MSF qui rend possible cette forme unique de plaidoyer public.
Dans le prĂ©sent numĂ©ro de DĂ©pĂȘches, vous en apprendrez davantage sur les façons dont votre soutien permet Ă MSF de prendre publiquement la parole, quâil sâagisse de dĂ©noncer les conditions de vie dĂ©plorables des personnes piĂ©gĂ©es dans les centres de dĂ©tention libyens, de mener nos activitĂ©s de plaidoyer pour rĂ©duire la stigmatisation liĂ©e au noma en Afrique de lâOuest, ou dâinterpeller le gouvernement canadien pour quâil repense le systĂšme de recherche et de dĂ©veloppement mĂ©dical actuellement centrĂ© sur les profits.
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