Message du directeur général

Joseph Belliveau | Directeur général
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Joseph Belliveau Directeur général MSF Canada

Un collègue qui se trouvait dans le nord-ouest de la Syrie, en février, a décrit notre intervention humanitaire à la suite des séismes dévastateurs qui ont secoué cette région et le sud de la Türkiye. Il a mentionné que parmi les personnes auxquelles les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) ont apporté leur soutien, certaines avaient été déplacées jusqu’à 20 fois au cours des dernières années. Il est frappant de constater à quel point certaines situations font boule de neige, un élément compliquant ou s’ajoutant aux autres pour générer des crises de plus en plus complexes.

« […] des gestes individuels empreints d’humanité sont posés à travers des soins de santé. »

La Syrie est un exemple parmi bien d’autres, malheureusement. Les douze années de guerre qui ont frappé le pays ont forcé les gens à s’enfuir, à plusieurs reprises parfois, à mesure que les lignes de front se déplaçaient et que les communautés étaient la cible d’attaques. Le système de santé n’est plus que l’ombre de ce qu’il était avant la guerre, l’accès à la nourriture et à l’eau potable est limité et des maladies comme le choléra sont désormais fréquentes. Le soutien et les mécanismes de survie des populations ont de nombreuses fois été poussés à leur paroxysme. Et puis les séismes se sont invités.

Un homme de 68 ans à qui MSF remettait une trousse de secours, après les séismes, a déclaré :
« Les membres de la communauté qui ont ouvert leur porte aux personnes touchées par le séisme n’ont pas suffisamment de ressources, eux aussi ont besoin d’aide. »

MSF répond de plus en plus à des crises qui s’avèrent complexes à plusieurs égards. Par exemple, les changements climatiques risquent de provoquer une alternance de sécheresses et d’inondations susceptibles d’anéantir les moyens de subsistance, de forcer les gens à quitter leur foyer et d’alimenter la violence. Dans ce numéro de Dépêches, nous donnons des exemples qui montrent comment une telle situation touche particulièrement la région africaine du Sahel. Nous expliquons comment la malnutrition chez les enfants résulte d’attaques violentes, du prix prohibitif des denrées alimentaires et des effets des changements climatiques sur l’élevage et l’agriculture dans le nord-ouest du Nigéria.

Une femme s’entretient avec un psychologue de MSF dans le cadre des soins de santé mentale offerts le long de la frontière nord du
Mexique où de nombreuses personnes ayant fui la violence dans d’autres pays migrent en quête de sécurité. Mexique, 2022.
© Yesika Ocampo/MSF

Au Yémen, des années de guerre ont décimé le système de santé et les soins maternels et infantiles en paient le prix fort. Nous parlons ici du travail de MSF dans certaines maternités du Yémen, dans un contexte complexe où la violence, l’effondrement économique, les inondations à répétition, les épidémies et la malnutrition ont des répercussions sur la santé des femmes et des enfants.

En Haïti, un vide politique a été comblé par des groupes armés qui exercent une mainmise sur des quartiers à Port-au-Prince. Cette situation complique l’accès déjà limité aux biens de première nécessité et aux soins de santé, tout en aggravant aussi le risque d’exposition à la violence, dont la violence sexuelle.

Selon les Nations Unies, plus de 100 millions de personnes dans le monde sont poussées hors de chez elles. Ce phénomène est alimenté par de nombreux facteurs, dont la violence, la négligence, la pénurie alimentaire, les maladies et les changements climatiques. Quand les gens sont obligés de fuir, entreprenant des périples hasardeux et souvent dangereux, ils souffrent fréquemment de traumatismes non seulement physiques, mais aussi psychologiques. Dans ce numéro, nous vous parlons également de la façon dont nous soutenons les personnes en déplacement à travers le Mexique, notamment en matière de santé mentale.

La complexité des crises auxquelles MSF répond peut sembler intimidante. Mais l’une des choses qui m’inspirent le plus dans notre travail, c’est qu’il demeure profondément personnel. En ce sens, notre travail est simple : créer un espace où des gestes individuels empreints d’humanité sont posés à travers des soins de santé. Selon moi, mon rôle et celui de l’ensemble de nos sympathisants et sympathisantes consistent à faire en sorte que ces gestes simples puissent se concrétiser, peu importe ce qui les a rendus nécessaires ou la complexité de la situation.