Kiribati est une république insulaire de basse altitude située dans le Pacifique, entre l’Australie et Hawaï. Elle est constituée de 32 atolls et d’une île corallienne surélevée qui couvrent collectivement 811 kilomètres carrés de terre dans un vaste océan de 3,5 millions de kilomètres carrés.
Les changements climatiques menacent cette république, tout comme les gens qui y vivent, et qu’on appelle les i-Kiribati.
La petite masse terrestre de Kiribati est en effet particulièrement vulnérable à la montée des eaux. Le point le plus élevé de l’île principale, Tarawa, n’est qu’à trois mètres au-dessus du niveau de la mer. Les preuves du rétrécissement des terres dû à l’érosion sont omniprésentes. À certains endroits, des arbres déracinés gisent là où se trouvaient autrefois des aires de pique-nique et des plages. Les maisons sont abandonnées à mesure que l’eau se rapproche et les sacs de sable bordent la côte, comme autant de chaînons d’une structure de renforcement. Aux grandes marée de pleine lune, les vagues s’abattent sur la chaussée principale et inondent les maisons.
Outre l’érosion, la salinisation des sources d’eau souterraines et des sols augmentent, tout comme le réchauffement de la température de l’air, l’augmentation de la fréquence des grandes marées et les sécheresses.
En juin 2022, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence en raison d’une sécheresse prolongée. La nappe phréatique de Kiribati (que les gens appellent la « lentille d’eau ») se trouve au-dessus du niveau de la mer et sous l’atoll corallien de l’île, ce qui la rend sujette à la salinisation. La lentille d’eau est réapprovisionnée par les précipitations, mais lorsque la pluie ne vient pas, l’accès à l’eau potable est limité.
« Le schéma de la sécheresse a changé », explique Toakai Taburuea, du Réseau d’action pour le climat des Kiribati. « Auparavant, nous avions une sécheresse tous les dix ans. Aujourd’hui, elles sont plus fréquentes et durent plus longtemps. Lorsque les gens vont aux puits, ceux-ci sont salés et il est devenu plus difficile de cultiver. »
LA CRISE CLIMATIQUE EST UNE CRISE SANITAIRE
La santé humaine dépend de la santé et de la gestion durable de l’environnement. Cela n’est nulle part plus évident que dans les milieux insulaires.
« Il est très clair que les changements climatiques sont un facteur aggravant qui augmente le fardeau de la maladie à Kiribati », explique Alison Jones, coordonnatrice médicale de MSF à Kiribati. « Cela signifie que nous devons agir maintenant en essayant d’aider le ministère de la Santé du pays à réduire la charge de morbidité, qui risque d’augmenter en raison de la crise climatique. »
MSF travaille aux Kiribati depuis octobre 2022, en partenariat avec le ministère de la Santé et les services médicaux.
Les i-Kiribati connaissent des taux élevés d’obésité, mais, à l’inverse, l’équipe de MSF voit de plus en plus d’enfants dénutris.
« Lachlan McIver, conseiller de MSF pour les maladies tropicales et la santé planétaire, explique : « Ici, vous voyez la corrélation entre la santé planétaire et les maladies non transmissibles, ce qui n’a été vu nulle part ailleurs. »
« Ce qui est frappant par rapport à d’autres pays dans lesquels j’ai travaillé où il y avait de la malnutrition, c’est que beaucoup d’adultes ici sont en surpoids », explique le Dr Jo Clarke, pédiatre à MSF. « C’est le revers de la médaille d’une mauvaise nutrition : un grand nombre de personnes souffrent de maladies non transmissibles liées à l’alimentation, comme le diabète de type 2. Il est difficile de cultiver des fruits et des légumes ici et l’accès à des aliments sains et nutritifs n’est pas aisé. La plupart des aliments sont importés et contiennent beaucoup de graisses et de sucres. »
Une équipe de MSF composée d’un pédiatre, d’une sage-femme, d’un pharmacien et d’une infirmière pédiatrique travaille dans l’hôpital principal du pays pour aider à renforcer les capacités du personnel de santé de la localité. Une équipe de MSF s’est également rendue dans le sud des îles Gilbert, afin de soutenir le personnel de santé dans les soins néonatals et le dépistage des femmes présentant des grossesses à risque.
Au cours des prochaines années, les équipes de MSF prévoient de continuer à soutenir les services de santé sexuelle et reproductive ainsi que les services de santé infantile dans le plus grand hôpital de Kiribati. Nos équipes contribueront également à la formation des responsables des établissements, dans les installations médicales extérieures à l’île, afin d’améliorer les soins de santé primaires et la prise en charge des maladies non transmissibles.
« Les femmes et les enfants sont affectés de manière disproportionnée par la crise climatique. Nous devons intensifier le soutien aux soins de santé primaires sur les îles de Kiribati les plus touchées par la sécheresse afin d’atténuer l’impact des changements climatiques », explique Alison Jones, coordonnatrice médicale de MSF.
Les îles du Pacifique sont les canaris dans la mine de charbon des changements climatiques.
Un expert en eau et assainissement de MSF rejoindra l’équipe pour remédier au manque chronique d’eau auquel sont confrontées les installations sanitaires des îles Gilbert, dont 30 % n’ont pas accès à l’eau douce. Il est prévu de collecter l’eau de pluie et de fournir des réservoirs d’eau aux centres de santé et aux cliniques des îles.
Les îles du Pacifique sont parmi les endroits du monde les plus vulnérables au climat : elles sont les « canaris dans la mine de charbon des changements climatiques ». Pour le reste du monde, Kiribati est un exemple probant de quelques-uns des impacts les plus tangibles des changements climatiques.