Pandémie de COVID-19

Hala, une infirmière de MSF et une patiente, Maryam, lors d’une consultation médicale à Beyrouth, au Liban. Maryam, 90 ans, est aveugle et souffre de diabète et d’hypertension. Pour se protéger de la COVID-19, elle est isolée dans la maison qu’elle partage avec cinq membres de sa famille. © Diego Ibarra Sànchez
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LES MESURES DE PRÉVENTION ET DE CONTRÔLE DES INFECTIONS SONT LA CLÉ POUR SAUVER DES VIES DANS DES SYSTÈMES DE SANTÉ DÉJÀ FRAGILES. MAINTENIR LES AUTRES SOINS DE SANTÉ CRITIQUES EST ESSENTIEL.

Dans plus de 70 pays à travers le monde, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) répondent à la pandémie de COVID-19, en ouvrant notamment des projets dans des endroits qui deviennent de nouveaux points chauds pandémiques.

Dans tous nos projets, les équipes MSF renforcent les mesures de prévention et de contrôle des infections afin de protéger les patients et le personnel et d’empêcher la propagation du nouveau coronavirus. Il est crucial d’empêcher que les établissements de santé amplifient la pandémie ou soient forcés de fermer leurs portes.

Les systèmes de santé du monde entier ont un besoin urgent d’équipements de protection individuelle (EPI) tels que des masques et des tabliers afin que les services médicaux essentiels puissent rester ouverts et que le personnel médical puisse faire son travail.

L’accès à de l’équipement de protection, à des tests de dépistage de la COVID-19, à de l’oxygène et à des médicaments pour les soins de soutien, devient de plus en plus urgent à mesure que la COVID-19 se propage dans des pays où l’accès à ces outils est déjà limité.

PRINCIPALES PRÉOCCUPATIONS PENDANT LA PANDÉMIE DE COVID-19

Le nouveau coronavirus a submergé certains des systèmes de santé les plus avancés du monde, dans des pays dotés d’un filet de sécurité sociale où la plupart des gens ont accès à de l’eau courante et à de l’espace pour s’isoler. Notre plus grande préoccupation est lorsque le virus s’installe dans des endroits où le système de santé est plus fragile et où le filet de sécurité de base est limité ou inexistant. D’autres préoccupations s’ajoutent également
à celles-ci :

Protection des personnes vulnérables

Les personnes vivant dans des conditions de surpopulation, dans la rue, dans des camps de fortune ou des logements insalubres sont particulièrement exposées à la COVID-19. Beaucoup n’ont pas accès à des soins de santé formels.

Deux membres du personnel de MSF, Lassi et Kebé, examinent des masques lavables fabriqués dans un atelier de couture à Bamako-Magnabougou, au Mali.  
© Lamine Keita/MSF

Nous savons que la distanciation physique leur est infiniment plus difficile, voire impossible. Nous devons trouver d’autres moyens d’aider les gens à se protéger, par exemple en faisant la distribution massive de savon, d’eau et, dans des circonstances soigneusement évaluées, de masques en tissu réutilisables.

Maintien des soins de santé

Pendant la pandémie, les bébés continuent de naître et les gens continuent d’avoir besoin de traitements contre des maladies comme le VIH et la tuberculose. Il est essentiel de maintenir les soins de santé pour les besoins autres que ceux liés à la COVID-19. Partout dans le monde, des équipes MSF veillent à la mise en place de mesures de prévention et de contrôle des infections, à la mise sur pied de dépistages, à la création de zones d’isolement et à l’éducation sanitaire du personnel recruté localement.

Protection des travailleurs de la santé

Il est primordial de protéger les travailleurs de la santé contre le virus afin d’assurer la continuité des soins pour les besoins de santé généraux, ainsi que ceux liés à la COVID-19. Cependant, les pénuries mondiales d’EPI constituent une grande menace. Le personnel médical doit avoir accès à l’équipement dont il a besoin pour faire son travail de manière sûre et efficace; les pays doivent faire preuve de solidarité et partager l’équipement de protection dans la mesure du possible.

Protection des plus vulnérables

Nous devons également protéger les personnes les plus exposées aux formes graves de la maladie. En contexte de COVID-19, cela signifie essentiellement les aînés, ainsi que les personnes atteintes d’une autre maladie, comme le diabète, le VIH ou la tuberculose. Nous ne savons pas encore quel sera l’impact pour les enfants qui souffrent de malnutrition sévère, ou pour les communautés durement touchées par des épidémies de rougeole, comme celles qui sévissent actuellement en République démocratique du Congo et au Tchad.

Oublions les profits

Aucun profit ne doit être réalisé sur les médicaments, tests, vaccins et autres outils pour faire face à la pandémie. Les gouvernements doivent prendre toutes les mesures nécessaires – y compris outrepasser les droits de brevets et autres monopoles et instaurer un contrôle des prix – pour assurer la production, l’approvisionnement et la disponibilité des outils essentiels à un prix abordable pour tous. Des prix élevés et des monopoles n’aboutiront qu’à un rationnement qui prolongera alors la pandémie. Le prix des autres fournitures essentielles telles que les masques et les différents EPI doit rester accessible. Une fois approuvés ou disponibles, les outils doivent d’abord être offerts en priorité au personnel médical et aux travailleurs de première ligne, puis fournis de manière équitable en fonction des besoins.

MSF AFFRONTE LA COVID-19 DANS CHACUN DE SES PAYS D’INTERVENTION. TROIS EXEMPLES DE NOTRE SOUTIEN ET DE NOTRE TRAVAIL MÉDICAL :

YÉMEN :

Six ans de combats avaient provoqué l’effondrement d’une grande partie du système de santé yéménite, et maintenant la COVID-19 vient de l’anéantir complètement. De nombreux hôpitaux ont fermé leurs portes par crainte du virus ou par manque de personnel et d’équipement de protection
individuelle (EPI).

Depuis mai, MSF traite des patients gravement malades dans son centre de traitement de la COVID-19 à Aden. Nos équipes sont confrontées à une situation extrêmement difficile, avec un nombre très élevé de décès dans le centre et du matériel médical très limité, y compris l’oxygène. Les patients arrivent souvent bien tard et dans un état critique; il est donc plus difficile de leur sauver la vie. Entre le 30 avril et le 24 mai, le centre a admis 228 patients; 99 d’entre eux sont décédés.

Aden devait déjà composer avec un système de santé affaibli avant l’arrivée de la COVID-19, et les autorités n’ont pas les moyens de réagir correctement à l’épidémie. Comme il n’y a pas d’argent pour payer le personnel, peu d’EPI et très peu de tests de dépistage, il est donc impossible de connaître le nombre exact de cas.

« De nombreuses personnes mourront de ce virus, mais nous craignons également que beaucoup d’autres patients décèdent de causes évitables, faute de soins de santé », explique Claire Haduong, chef de mission de MSF à Aden.

MSF fait tout ce qui est en son pouvoir pour garder ouverts ses programmes de soins de santé réguliers et répondre à l’épidémie de COVID-19 désormais à l’échelle nationale, mais l’ampleur des besoins est énorme, et il reste complexe d’acheminer du personnel et des fournitures au Yémen.

NIGER :

En avril, MSF a commencé à soutenir l’intervention nationale contre la COVID-19 à Niamey, l’épicentre de la pandémie au Niger. Les équipes MSF ont également mis en oeuvre un certain nombre de mesures alors que le virus s’est propagé à d’autres régions.

Après six semaines de construction, le centre de traitement COVID-19 de MSF a ouvert ses portes à l’hôpital national Amirou Boubacar Diallo de Niamey. Le centre dispose de 50 lits et peut accueillir jusqu’à 100 lits en cas de pic du nombre de patients.

« En quelques semaines, nous avons mis en place une structure semi-permanente et totalement autonome pour traiter les patients et limiter les risques de transmission à l’hôpital voisin », précise Denis Dupuis, coordonnateur logistique et technique de MSF.

Pour assurer le bon fonctionnement de cette installation, MSF a recruté et formé plus de 100 nouveaux employés, qui travaillent en collaboration avec les équipes hospitalières. Par exemple, les patients nécessitant de l’oxygène sont traités conjointement par MSF et le personnel du ministère de la Santé publique.

SOUTIEN DU CENTRE D’APPELS ET ÉQUIPES MOBILES

Au-delà du centre de traitement, MSF soutient le centre d’appel d’assistance médicale d’urgence du ministère de la Santé publique, qui fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ainsi que les équipes mobiles qui opèrent dans cinq districts de Niamey.

« Ce travail au sein des communautés est crucial, car la réponse à une pandémie ne peut pas se faire uniquement dans les centres de santé », explique Audace Ntezukobagira, coordonnatrice de l’équipe d’urgence mobile de MSF. « C’est un engagement que nous devons respecter. »

BRÉSIL :

Le pays est aux prises avec l’un des taux d’infection à la COVID-19 parmi les plus élevés au monde. MSF soutient les efforts locaux et fournit des traitements ainsi que de la formation sur la prévention et le contrôle des infections contre la COVID-19 à certaines des personnes les plus vulnérables du pays, notamment les personnes sans-abris, les jeunes en détention, les consommateurs de drogues, les personnes âgées, les migrants et les réfugiés, à São Paulo, à Rio de Janeiro, à Manaus et à Boa Vista.

INTERVENTION DE MSF EN AMAZONAS

En mai, MSF a intensifié son travail dans l’État d’Amazonas pour répondre à la pandémie de COVID-19. Bien que cet État soit relativement peu populeux, l’Amazonas figure parmi les régions du Brésil ayant le plus grand
nombre absolu de décès causés par le nouveau coronavirus. La maladie a provoqué l’effondrement non seulement du système de santé, mais aussi du système funéraire de l’État. Vu la gravité de la situation, la réponse de MSF comprend des soins intensifs pour les patients gravement malades, l’isolement médical pour les cas légers ou modérés et des activités importantes de promotion de la santé dans les zones urbaines et rurales.

La santé des communautés autochtones qui luttent pour accéder aux soins de santé est une importante préoccupation, et MSF consulte les dirigeants et organisations autochtones pour guider son intervention. « La situation en Amazonas est très préoccupante. Nous pensons que notre travail peut avoir un grand impact », a déclaré la Dre Cecilia Hirata, coordonnatrice MSF sur le terrain.