Plaidoyer : la vie avant les profits

Le Dr Jason Nickerson, représentant humanitaire de MSF Canada, lors d’une récente mission de plaidoyer humanitaire à Bambari. République centrafricaine, 2022.
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Michael Lawson Chargé des affaires humanitaires

Le Canada joue un rôle important à l’échelle internationale dans de nombreux domaines qui recoupent le travail médico-humanitaire de Médecins Sans Frontières (MSF). MSF a donc bien des raisons de collaborer avec le Canada.

Par exemple, le gouvernement canadien contribue au système des Nations Unies qui est censé coordonner une grande partie de la réponse mondiale aux crises humanitaires de grande ampleur. Bien que MSF choisisse délibérément d’opérer en dehors de ce système – notre indépendance nous donne la flexibilité d’intervenir le plus efficacement possible et à nos propres conditions –, nous sommes à même de constater à quel point les communautés avec lesquelles nous travaillons en dépendent.

« En parlant directement à des gouvernements comme celui du Canada, nous pouvons faire pression pour une réponse mondiale plus efficace aux crises humanitaires », affirme le Dr Jason Nickerson, représentant humanitaire de MSF au Canada.

Le Canada possède également un secteur des sciences de la santé évolué et innovant qui a bénéficié au cours des années des investissements de divers gouvernements canadiens. Une partie de cette science financée par l’État peut aider à prévenir les décès évitables dans les endroits où MSF travaille. Par exemple, c’est un laboratoire gouvernemental à Winnipeg qui a découvert le vaccin contre Ebola que l’on utilise actuellement pour combattre les flambées de la maladie en République démocratique du Congo et ailleurs.

LES MÉDICAMENTS MIS AU POINT AVEC DES FONDS PUBLICS DOIVENT ÊTRE DISPONIBLES ET ABORDABLES POUR TOUS ET TOUTES

Malheureusement, nombreux sont les nouveaux médicaments, y compris ceux issus de la recherche canadienne financée par des fonds publics, qui ne parviennent pas à atteindre les patients et les patientes de MSF ou d’autres personnes dans le monde qui risquent de contracter des maladies négligées ou non. Cette situation découle du fait que la plupart des nouveaux médicaments et vaccins sont cédés sous licence à des sociétés pharmaceutiques privées qui n’ont aucune incitation financière pour développer ou vendre des médicaments à des prix que les gens dans les pays à faible revenu peuvent se permettre.

« Le vaccin contre Ebola a été découvert au début des années 2000, mais n’était toujours pas disponible lorsque la maladie a commencé à faire des ravages dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest en 2015 », déplore Jason Nickerson. « C’est parce qu’il avait été transféré à une petite entreprise américaine qui l’a laissé accumuler de la poussière pendant des années, et qui à l’époque n’avait aucun intérêt à développer un vaccin pour une maladie mortelle circonscrite à l’Afrique et jusque-là peu connue. »

Pour cette raison, MSF a demandé au gouvernement du Canada d’assortir le soutien qu’il fournit à la recherche et au développement médical, ici, au pays, de conditions exigeant que tous les médicaments, vaccins ou autres technologies de la santé mis au point avec des fonds publics soient disponibles rapidement et à des prix abordables, peu importe l’endroit où ils sont nécessaires.

Dans le cadre de notre campagne « La vie avant les profits », nous avons envoyé, à la fin de 2020, une pétition signée par plus de 90 000 Canadiens et Canadiennes pour réclamer ce type de conditions à la ministre de la Santé du Canada. De plus, nous travaillons actuellement avec le gouvernement canadien – ainsi qu’avec des chercheurs, des chercheuses et d’autres parties prenantes – de manière bilatérale pour continuer à faire pression en faveur de ce changement. Pour plus d’informations et des mises à jour sur cette campagne, visitez www.medecinssansfrontieres.ca et cherchez « La vie avant les profits ».