Alors que la COVID-19 continue de monopoliser les grands titres, les crises humanitaires du monde sont peut-être moins visibles, mais elles ne sont pas moins dévastatrices pour autant. Je suis récemment revenu d’une affectation de cinq semaines avec Médecins Sans Frontières (MSF) au Tigré, en Éthiopie, où je travaillais avec des équipes médicales mobiles pour soutenir le système de santé qui a été délibérément et systématiquement oblitéré. Maintenant de retour chez moi à Toronto, je suis consterné de voir le peu d’attention médiatique que reçoivent ce conflit et son impact sur les civils. Souvent, les maisons étaient réduites en cendres. Depuis le début du conflit, les équipes MSF ont traité des victimes de viol, d’emprisonnement ou d’actes horribles de violence intentionnelle. Les
déplacés se comptent par centaines de milliers, et des millions de personnes ont besoin d’assistance. En tant que membres d’une communauté mondiale, nous devrions entendre parler davantage de cette crise.
Mais j’ai aussi été inspiré. Mes collègues éthiopiens et internationaux et moi-même étions motivés par notre objectif commun, celui de fournir des soins médicaux et de venir en aide à des personnes dans leurs moments les plus difficiles. J’éprouve à la fois une responsabilité d’agir et un sentiment d’accomplissement de pouvoir le faire de manière décisive et en réponse directe aux besoins, que la crise soit présente ou non dans les médias canadiens.
Notre travail n’est possible que grâce à la confiance que nous accordent des millions de donateurs individuels à travers le monde. Le soutien de notre communauté de donateurs signifie que nous pouvons nous préparer et répondre aux urgences dès qu’elles surviennent. C’est pourquoi MSF est souvent l’une des premières organisations à intervenir – comme dans le Tigré en ce moment – et la raison pour laquelle nous pouvons agir même lorsqu’une crise ne fait jamais la une des journaux.
« … parce que nous soutenons souvent les communautés qui souffrent loin des regards du monde, une partie de notre travail consiste à exposer l’impact des calamités, à attirer l’attention sur elles et à provoquer le changement. »
Et parce que nous soutenons souvent les communautés qui souffrent loin des regards du monde, une partie de notre travail consiste à exposer l’impact des calamités, à attirer l’attention sur elles et à provoquer le changement. Le noma, par exemple, est une maladie bactérienne qui détruit les os et les tissus et qui laisse ses victimes gravement défigurées. Elle touche les personnes vivant dans la pauvreté et souffrant de malnutrition, et plus spécifiquement les enfants. Le travail de MSF dans le nord du Nigéria consiste entre autres à traiter les patients atteints de noma et à attirer l’attention sur cette maladie évitable mais grandement négligée.
Dans ce numéro de Dépêches, nous tournons les projecteurs sur ces crises et d’autres qui sont moins visibles, comme l’épidémie de violence sexuelle en République centrafricaine, et la guerre en Syrie, qui a largement disparu du paysage médiatique même si les besoins de millions de personnes ne se sont pas estompés. Nous parlons également de la fabrication par MSF de membres prosthétiques imprimés en 3D afin de soutenir les personnes qui
ont survécu à un traumatisme physique.
Rien de tout cela ne serait possible sans l’ensemble de la communauté MSF qui englobe notre personnel et nos donateurs du monde entier. Merci de contribuer à nos efforts.
VEUILLEZ FAIRE UN DON MAINTENANT
Plus de 95 % du financement de MSF provient de donateurs comme vous, plutôt que des gouvernements ou de grandes institutions. Nous pouvons ainsi agir en toute indépendance en fonction des besoins médicaux uniquement, sans ingérence extérieure. Nous avons encore besoin de votre aide aujourd’hui. Faites un don maintenant pour aider MSF à continuer de répondre à des crises humanitaires dans le monde, y compris à celles qui sont sous-déclarées ou négligées. Merci.
NOUVELLES EN BREF
Mer Méditerranée. En mai 2021, Médecins Sans Frontières (MSF) a relancé ses activités de recherche et sauvetage en Méditerranée centrale (photo ci-dessus), dans le but de fournir des soins médicaux d’urgence aux réfugiés et aux migrants qui tentent la périlleuse traversée maritime depuis la Libye. Depuis 2015, les équipes MSF travaillant à bord de navires de recherche et sauvetage ont été témoins de la tragédie qui se joue aux portes de l’Europe, alors que des milliers de personnes se sont noyées en mer ou ont été renvoyées de force en Libye dans des conditions de détention horribles. Les 23 et 24 août 2020 (photo de couverture), le SeaWatch4, le navire soutenu par MSF, a secouru plus de 200 hommes, femmes et enfants en détresse. Lors d’une opération de sauvetage, de nombreux
rescapés souffraient d’hypothermie, étaient désorientés et dégageaient une forte odeur d’essence. Des douches d’urgence ont été employées pour traiter les victimes d’exposition au carburant. Plusieurs personnes ont déclaré qu’elles ne pensaient jamais survivre à ce voyage.
Pérou. La COVID-19 a frappé le Pérou de plein fouet en avril 2021, poussant le personnel médical et les hôpitaux au bord de l’effondrement. Le pays, qui affichait alors une mortalité élevée attribuable à la COVID-19, s’est hissé au sommet du triste palmarès du plus grand nombre de décès par habitant au monde. Les équipes MSF ont intensifié leurs activités pour soutenir le système de santé en difficulté et traité des patients au nord de Lima. Leur objectif était double : réduire la pression sur le système de santé local en mettant en place une structure de prise en charge des patients atteints de COVID-19, et travailler avec les réseaux communautaires pour améliorer la détection précoce, en identifiant les patients et en leur fournissant des soins avant que leur état ne s’aggrave et qu’ils se retrouvent dans un état critique.
Mozambique. Au cours de la dernière année, la violence qui couvait depuis longtemps dans la province mozambicaine de Cabo Delgado s’est intensifiée et a mené à des affrontements entre les forces gouvernementales et un groupe armé non étatique, les civils étant les principales victimes des combats. Près de 700 000 personnes – soit presque le tiers de la population de la province – ont dû fuir leur foyer, souvent avec rien d’autre que les quelques biens qu’elles pouvaient transporter. Des dizaines d’établissements de santé ont été détruits ou rendus inopérants dans le conflit, privant les gens de soins médicaux essentiels et augmentant le risque d’épidémies. Les équipes MSF sont à pied d’oeuvre dans toute la région : elles gèrent des cliniques mobiles pour fournir des soins de santé primaires et le dépistage de la malnutrition, travaillent à l’amélioration des services d’assainissement et
d’approvisionnement en eau pour les personnes déplacées et mettent en place des systèmes d’orientation des patients, entre autres activités.